Une supermolécule contre la maladie de Parkinson
La maladie de Parkinson est une des maladies neurodégénératives liées à l’âge les plus communes. Elle affecte plus de 10 millions de personnes dans le monde [1] mais il n’existe aujourd’hui pas de traitement curatif contre cette pathologie. Par ailleurs, les thérapies actuellement sur le marché ciblent les symptômes, et leur usage à long terme entraînent une perte de l’efficacité thérapeutique et d’importants effets secondaires [2].
L’origine de la maladie de Parkinson est multifactorielle, d’ordre génétique et environnemental, mais les processus moléculaires impliqués dans la pathogenèse sont toujours peu connus. Néanmoins, des études et revues scientifiques [3,4] ont récemment souligné le rôle que joue l’inflammation au niveau cérébral dans la survenue des maladies neurodégénératives, notamment dans la maladie de Parkinson. La neuroinflammation est marquée par l’activation de la microglie, c’est-à-dire des cellules immunitaires du système nerveux central. Quand elles sont activées, elles libèrent différents types de facteurs pro-inflammatoires et cytotoxiques comme les cytokines, les dérivés réactifs de l’oxygène et les dérivés réactifs de l’azote [2]. L’accumulation de ces facteurs contribue à la perte lente et progressive des neurones dopaminergiques, caractéristique de la maladie de Parkinson.
Une molécule qui protège contre la maladie de Parkinson ?
Pour essayer de contrer l’impact de la neuroinflammation sur la pathogenèse de Parkinson, une équipe de chercheurs a étudié les propriétés neuroprotectrices de la tétrahydroxystilbène glucoside, abrégée TSG, contre la dégénérescence des neurones dopaminergiques [2]. La TSG est une molécule qui a largement été étudiée et qui possède de nombreux effets bénéfiques : elle neutralise les radicaux libres, a un rôle antioxydant et anti-inflammatoire, protège contre les ischémies cérébrales [2] et augmente la durée de vie du ver C. elegans [5].
Les expériences menées lors de l’étude ont été faites in vivo sur des rats modèles de neurodégénérescence et in vitro sur des co-cultures de cellules gliales et de neurones dopaminergiques. Les résultats in vivo ont montré que la TSG diminuait significativement la perte des neurones et les études in vitro ont montré que les mécanismes responsables de cette neuroprotection passaient par les cellules gliales, en particulier la microglie et les astrocytes. En effet, la TSG induit la protection des neurones dopaminergiques par le biais de deux mécanismes : en atténuant la neuroinflammation induite par la microglie et en renforçant les effets neurotrophiques (responsables de la croissance et de la survie des neurones) portés par les astrocytes [2].
Les traitements symptomatiques actuels ne permettent pas de stopper la neurodégénérescence, et l’incidence, ainsi que les conséquences très handicapantes de cette maladie, renvoient à la nécessité de développer de nouvelles thérapies. Les résultats de cet article attestent que l’inhibition de la neuroinflammation passant par les cellules immunitaires du cerveau pourrait devenir une voie thérapeutique prometteuse pour traiter la maladie de Parkinson.
Références
[1]
[2] Zhou et al. Journal of Neuroinflammation (2018) 15:161 https://doi.org/10.1186/s12974-018-1194-5
[3] V. Sanchez-Guajardo et al. / Neuroscience 302 (2015) 47–58
[4] Wang et al. Translational Neurodegeneration (2015) 4:19 DOI 10.1186/s40035-015-0042-0
[5] Christian Büchter, Liang Zhao, Susannah Havermann, Sebastian Honnen, Gerhard Fritz, Peter Proksch, and Wim Wätjen. TSG (2,3,5,4’ -Tetrahydroxystilbene-2-O–D-glucoside) from the Chinese Herb Polygonum multiflorum Increases Life Span and Stress Resistance of Caenorhabditis elegans. Oxidative Medicine and Cellular Longevity Volume 2015, Article ID 124357, 12 pages
Anne Fischer
Author
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Anne is studying medicine science at the Institute of Pharmaceutical and Biological Science in Lyon and she has graduated with a Bachelor’s degree in molecular and cellular biology at the University of Strasbourg.
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Anne étudie les sciences du médicament à l’Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lyon. Elle est titulaire d’une licence en biologie moléculaire et cellulaire de l’Université de Strasbourg.
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