Le bleu de méthylène, un puissant antioxydant, retarderait le vieillissement cutané
Des chercheurs de l’Université du Maryland aux États-Unis ont montré que le bleu de méthylène, par ses propriétés antioxydantes, aidait à lutter contre le vieillissement de la peau.
Tout apprenti laborantin a déjà entendu parler au moins une fois du bleu de méthylène. Reconnu pour son fort pouvoir colorant, il est très largement employé en laboratoire comme marqueur histologique et comme indicateur coloré des réactions d’oxydoréduction. Inscrit sur la liste des médicaments essentiels*, on lui prête aussi bon nombre de propriétés pharmacologiques. Autrefois, le bleu de méthylène était fortement apprécié pour ses qualités antiseptiques et antipaludiques, et servait d’antidote contre certains poisons. Aujourd’hui, il sert surtout au traitement de maladies du système circulatoire (méthémoglobinémie, chocs septiques, vasoplégie…), mais c’est une tout autre propriété qui a été mise en avant dans une étude menée par des chercheurs américains. Par sa capacité à piéger efficacement les radicaux libres, le bleu de méthylène est un puissant antioxydant et par extension, peut-être, une excellente molécule anti-âge.
Le stress oxydatif est l’un des processus majeurs du vieillissement.
On ne le répétera jamais assez : le tabac, les UV, le stress, en induisant une production accrue de radicaux libres dérivés de l’oxygène (ROS), provoquent un vieillissement prématuré. L’accumulation de ces petites molécules, que l’organisme peine à éliminer avec l’âge, cause de nombreux dégâts et conduit à l’augmentation du stress oxydatif, qui, même si on ignore encore s’il est une cause ou une conséquence du vieillissement, l’accélère fortement.
L’application d’antioxydants pour le soin de la peau, comme le bleu de méthylène, est à ce jour le meilleur moyen de lutter contre le vieillissement cutané.
Les propriétés « anti-âge » du bleu de méthylène ont été prouvées par une équipe de biologistes américains [1]. Sur quatre semaines, ils ont comparé les effets du bleu de méthylène par rapport à trois autres antioxydants (N-Acetyl-L-cysteine, MitoQ et MitoTEMP) sur des cultures tissulaires créées à partir d’échantillons cellulaires prélevés sur des donneurs sains et sur des sujets atteints de progéria, une maladie génétique entraînant un vieillissement prématuré [1].
Le bleu de méthylène semblerait être efficace pour stimuler la prolifération fibroblastique et retarder la sénescence cellulaire.
Les cellules utilisées pour créer les peaux en culture étaient des fibroblastes. Présentes naturellement dans le derme, elles en synthétisent tous les composants matriciels (collagène, élastine, GAG…) qui lui confèrent ses propriétés mécaniques. Il s’avère que le bleu de méthylène augmenterait la viabilité des fibroblastes par rapport aux autres antioxydants. Encore plus surprenant, en présence du colorant, les cellules « progéria » montreraient un taux de survie supérieur à celui des cellules « témoin sain » ! Une augmentation globale de l’expression des gènes a été observée (notamment de ceux de l’élastine et du collagène).
Les analyses histologiques le confirment : le bleu de méthylène améliore la cicatrisation, l’hydratation de la peau et l’épaisseur du derme. Les chercheurs ont également noté un fait très intéressant : le bleu de méthylène permettait l’expression d’un gène nommé Nrf2, connu pour participer à la protection cellulaire par induction de la synthèse d’enzymes antioxydantes. Selon cette étude, le bleu de méthylène ne présenterait aucune toxicité, son utilisation serait sans danger sur le long terme, et ce, même à haute concentration.
*Selon l’Organisation Mondiale de la Santé :”Les médicaments essentiels sont des médicaments qui répondent aux besoins de santé prioritaires d’une population. Ils sont sélectionnés en fonction de la prévalence des maladies, de l’innocuité, de l’efficacité et d’une comparaison des rapports coût-efficacité.
Ils devraient être disponibles en permanence dans le cadre de systèmes de santé opérationnels, en quantité suffisante, sous la forme galénique qui convient, avec une qualité assurée et à un prix abordable au niveau individuel comme à celui de la communauté.”
Sources :
[1] Xiong, Z. M., O’Donovan, M., Sun, L., Choi, J. Y., Ren, M., & Cao, K. (2017). Anti-Aging Potentials of Methylene Blue for Human Skin Longevity. Scientific Reports, 7. DOI: 10.1038/s41598-017-02419-3
[2] Xiong, Z. M., Choi, J. Y., Wang, K., Zhang, H., Tariq, Z., Wu, D., … & Cao, K. (2015). Methylene blue alleviates nuclear and mitochondrial abnormalities in progeria. Aging cell. DOI: 10.1111/acel.12434
Farah Bahou
Author
Auteure
Farah studied biochemistry, therapeutics and molecular and biopharmaceutical innovation at Aix-Marseille university and Paris 7 Diderot university.
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Farah a étudié la biochimie, la thérapeutique et les innovations moléculaires et biopharmaceutiques à l’université d’Aix-Marseille et à l’université Paris 7 Diderot.
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