Remodelin : la chasse au vieillissement est ouverte
La progéria, aussi nommée syndrome de Hutchinson-Gilford (HGPS), est une maladie génétique entraînant un phénotype prématuré de vieillissement. Elle fait partie d’un groupe de pathologies appelé les laminopathies, causées par une mutation du gène LMNA qui encode pour les lamines A, des protéines qui soutiennent la structure du noyau cellulaire. Cette mutation induit une forme toxique de lamine A, la progérine, qui s’accumule dans la cellule et qui, à terme, cause la sénescence cellulaire.
La progéria est la forme la plus sévère des laminopathies. Cette pathologie extrêmement rare (1 personne sur 4 à 8 millions) se révèle dans la première ou deuxième année de vie et l’espérance de vie des personnes qui en sont atteintes est très faible : 13 ans en moyenne. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement curatif contre la maladie, seulement quelques médicaments aidant à lutter contre les symptômes de la maladie en réduisant les niveaux de progérine des cellules ou en ciblant les enzymes intervenants dans sa synthèse.
Une étude in vivo de la remodelin
Dans un article paru récemment dans Nature Communications [1], des chercheurs ont réussi à démontrer l’efficacité in vivo d’une nouvelle molécule, la remodelin [2], pour allonger la durée de vie de souris modèles de progéria. Pour leurs expériences in vivo, les chercheurs ont utilisé des souris modèles porteuses du gène muté LMNA, exprimant ainsi un phénotype de progéria. La remodelin est une molécule qui inhibe l’enzyme NAT10, ce qui entraîne l’augmentation de la durée de vie des souris HGPS. Ils ont notamment observé des améliorations au niveau du système cardiovasculaire, avec une réduction de la fibrose de l’aorte, de la perte des cellules du muscle vasculaire lisse, ainsi que de l’actine de l’aorte et des artères coronaires. Cela marque un progrès notable pour lutter contre le risque de mortalité lié à la maladie, puisque les anomalies cardiovasculaires en sont les principales causes de décès. De plus, la remodelin retarde la perte de poids des souris malades, un autre symptôme lié à la pathologie.
Les résultats obtenus in vivo de cette molécule sont encourageants et révèlent qu’inhiber l’enzyme NAT10 pourrait avoir un rôle majeur dans l’amélioration des symptômes et de la durée de vie des personnes atteintes de progéria. Néanmoins, le faible nombre de patient ainsi que les diversités phénotypiques, de même que les faibles connaissances des fonctions de NAT10 incitent à rester vigilant quant à son application clinique. Les modèles animaux de progéria sont largement utilisés en recherche anti-vieillissement, car ils permettent de comprendre les mécanismes moléculaires qui sont impliqués dans ce processus. Faire avancer la recherche contre la progéria c’est aussi faire avancer la recherche contre le vieillissement.
Références
[1] Gabriel Balmus, Delphine Larrieu, Ana C. Barros, Casey Collins, Monica Abrudan, Mukerrem Demir, Nicola J. Geisler, Christopher J. Lelliott, Jacqueline K. White, Natasha A. Karp, James Atkinson , Andrea Kirton, Matt Jacobsen, Dean Clift, Raphael Rodriguez, Sanger Mouse Genetics Project, David J. Adams & Stephen P. Jackson. Targeting of NAT10 enhances healthspan in a mouse model of human accelerated aging syndrome, Nature Communications (2018) 9:1700.
[2] Delphine Larrieu, Sébastien Britton, Mukerrem Demir, Raphaël Rodriguez and Stephen P. Jackson. Chemical inhibition of NAT10 corrects defects of laminopathic cells, Science. 2014 May 2; 344(6183): 527–532. doi:10.1126/science.1252651.
Anne Fischer
Author
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Anne is studying medicine science at the Institute of Pharmaceutical and Biological Science in Lyon and she has graduated with a Bachelor’s degree in molecular and cellular biology at the University of Strasbourg.
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Anne étudie les sciences du médicament à l’Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lyon. Elle est titulaire d’une licence en biologie moléculaire et cellulaire de l’Université de Strasbourg.
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