Une thérapie génique contre la myopathie de Duchenne, prometteuse piste anti-vieillissement ?
La myopathie de Duchenne est une maladie héréditaire qui entraîne une atrophie musculaire. Des chercheurs du Généthon, de l’Inserm et de l’Université de Londres ont développé une thérapie génique innovante et sont parvenus à restaurer la force des muscles et à stabiliser les symptômes de cette myopathie. Ils ont démontré l’efficacité de leur thérapie génique pour traiter la myopathie de Duchenne.
La thérapie génique consiste à administrer des polymères d’acides nucléiques (mimant des bout d’ADN) dans les cellules d’un patient, dans le but de traiter une maladie. Lors de cette étude, les chercheurs ont procédé via un vecteur de médicaments à des injections de microdystrophine, une version raccourcie du gène de dystrophine. Ils sont parvenus à restaurer la fonction musculaire chez des chiens naturellement affectés par la myopathie de Duchenne.
Il s’agit de la maladie neuromusculaire la plus fréquente chez les enfants. Chez les patients affectés, la dystrophine, une protéine présente dans le cytosquelette des cellules musculaires et essentielle à leur bonne fonction, est endommagée. La dysfonction est causée par des mutations du gène de la myopathie de Duchenne. Ce gène étant l’un des plus gros de notre génome, il a été particulièrement difficile de développer une thérapie génique pour le cibler. Il est ainsi presque impossible d’insérer la séquence entière d’ADN correspondant à la dystrophine dans un vecteur. Comment l’équipe a-t-elle résolu ce problème ?
Ils ont transformé la version naturelle de la dystrophine pour en obtenir une version plus courte. La nouvelle version de ce gène compte approximativement 4 000 paires de base codantes au lieu de 11 000. Cette version raccourcie du gène semble permettre la production d’une protéine fonctionnelle. Ce traitement innovant a été testé sur 12 chiens myopathes, ayant les mêmes symptômes cliniques que les patients humains. Le traitement a été injecté par intraveineuse, et on a observé un retour de l’expression de la dystrophine à des niveaux élevés. Après deux ans d’injections, la fonction musculaire était significativement restaurée.
“Aucun traitement immunosuppressif n’a été administré auparavant, et aucun effet secondaire n’a été constaté.”
— Caroline Le Guiner, auteure principale de l’étude.
Ce résultat prometteur concerne l’étude pré-clinique et permettra d’envisager de passer à des essais cliniques sur des patients. Aujourd’hui, le PDG de Généthon, Frédéric Revah, déclare que les experts en bioproduction ont reçu la mission de créer une quantité suffisante de ces vecteurs de médicament pour un essai clinique.
On pourrait espérer que cette piste puisse un jour être utilisée pour lutter contre la dégénérescence musculaire souvent associée au vieillissement.
Katidja Allaoui
Author
Auteure
Katidja studied biology and health engineering at the school of engineering of Angers.
More about the Long Long Life team
Katidja a étudié l’ingénierie de la biologie et de la santé à l’école d’ingénieurs de l’université d’Angers.
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Source :
Le Guiner, C., Servais, L., Montus, M., Larcher, T., Fraysse, B., Moullec, S., … & Koo, T. (2017). Long-term microdystrophin gene therapy is effective in a canine model of Duchenne muscular dystrophy. Nature communications, 8, 16105.