La longévité humaine a-t-elle atteint ses limites ?

L’existence humaine, telle qu’on la connaît aujourd’hui, est limitée dans sa durée et le risque de mourir s’accroît avec l’âge. Du moins c’est ce que pense, logiquement, le plus grand nombre. Mais c’était sans compter sur la dernière étude à ce sujet, publiée la semaine dernière dans Science [1]. Cette étude, menée sur une population italienne, a analysé le taux de mortalité des individus âgés de 105 ans et plus entre 2009 et 2015 (au total 3836 personnes). Les résultats de leur analyse statistique semblent montrer que le risque de mourir se stabilise après l’âge de 105 ans.

Le taux de mortalité lié à l’âge peut être représenté sur un graphique (mortalité en fonction de l’âge), dont la courbe croît exponentiellement avec l’âge. Il existe un consensus scientifique qui stipule que ce taux augmente exponentiellement jusqu’aux alentours de 80-90 ans. Ensuite, les avis sont très divergents : d’un côté, les partisans de l’existence d’un “plateau de mortalité” après cet âge, qui traduit la stabilisation du taux de mortalité, et de l’autre, les partisans qui réfutent cette hypothèse et pensent que l’augmentation exponentielle du taux de mortalité persiste au-delà de 80 ans.

Les limites de la longévité humaine : un sujet qui divise

Dans une publication sortie en 2016 [2], des généticiens avaient avancé le fait qu’il existait une limite à la durée de vie humaine. En analysant des données démographiques mondiales, ils ont suggéré qu’il n’y avait pas eu d’amélioration de la longévité humaine depuis la fin du 20ième siècle, le record étant de 122 ans, détenu par la française Jeanne Calment. Or, dans sa récente analyse, l’équipe du professeure Elisabetta Barbi a, au contraire, montré qu’il existait un plateau du risque de mortalité après l’âge de 105 ans, suggérant l’idée qu’il n’existe pas de limite à la longévité humaine. Avec un tel plateau de mortalité, le risque de décès d’un anniversaire à un autre après l’âge de 105 ans est grossièrement de une chance sur deux [3]. Un tel phénomène suggère qu’une personne ayant atteint l’âge de 105 ans pourrait encore vivre très longtemps [3].

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Cette étude a été menée après contrôle de l’âge des personnes incluses par leur certificat de naissance, entre autres. Le but de cette démarche était de minimiser les biais causés par l’exagération de l’âge souvent retrouvée chez les personnes très âgées [1]. Le risque de mourir en fonction de l’âge est une donnée qui intrigue depuis longtemps. Depuis la loi de Gompertz au 19ième siècle qui stipule que le taux de mortalité augmente exponentiellement avec l’âge, la question se pose sur l’existence d’un plateau de mortalité après un certain âge. Il a fallu attendre la fin du 20ième et l’augmentation du nombre de données disponibles et fiables pour accélérer la recherche à ce sujet [1], mais la controverse est toujours présente.

Cette dernière étude a répondu positivement à la question du plateau de mortalité au sein d’une population italienne de supercentenaires (105 ans et plus). Elle rejoint d’autres études ayant montré le même résultat, notamment chez de petits organismes [4]. Elle relance le débat de la limite de la longévité des Hommes, qui pour eux ne semble pas avoir atteint ses limites [1]. Un tel résultat pourrait encourager les études démographiques sur le taux de mortalité lié à l’âge et de la durée de vie humaine, pour comprendre les origines de la longévité des Hommes.

Références :

[1] Barbi et al., Science 360, 1459–1461 (2018) DOI: 10.1126/science.aat3119

[2] Xiao Dong, Brandon Milholland & Jan Vijg, Evidence for a limit to human lifespan, 13 October 2016, VOL 538, NATURE, 257-259 doi:10.1038/nature19793

[3] Elie Dolgin, There’s no limit to longevity, says study that revives human lifespan debate, Nature 559, 14-15 (2018) doi: 10.1038/d41586-018-05582-3

[4] Natalia S. Gavrilova and Leonid A. Gavrilov, Biodemography of Old-Age Mortality in Humans  and Rodents, J Gerontol A Biol Sci Med Sci. 2015 January;70(1):1–9 doi:10.1093/gerona/glu009

Anne Fischer

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Anne is studying medicine science at the Institute of Pharmaceutical and Biological Science in Lyon and she has graduated with a Bachelor’s degree in molecular and cellular biology at the University of Strasbourg.

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Anne étudie les sciences du médicament à l’Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lyon. Elle est titulaire d’une licence en biologie moléculaire et cellulaire de l’Université de Strasbourg.

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