Le tout premier congrès Undoing Aging s’est tenu du 15 au 17 mars 2018 à Berlin, et a rassemblé plus de 300 personnes. Initié par Aubrey De Grey, co-fondateur de la SENS Research Fondation, et Michael Greve, fondateur et directeur général de la Forever Healthy Foundation, le congrès a porté sur les avancées les plus prometteuses en matière de recherche contre le vieillissement. Ce ne sont pas moins de 45 intervenants, scientifiques et entrepreneurs, qui ont pris la parole pour présenter leur travaux. Le congrès a aussi permis à de jeunes doctorants de présenter leur recherche sous forme de posters scientifiques, et, pour certains d’entre eux, lors de courtes conférences.
Le congrès, qui a duré 3 jours, s’est divisé en différentes sessions dont chacune abordait un thème spécifique de la recherche contre le vieillissement. Parmi les grandes questions abordées, on retrouve les médecines régénératives, l’élimination des cellules sénescentes, les thérapies contre le cancer ou encore les biomarqueurs du vieillissement. Long Long Life, présent lors de ce congrès, choisi de vous livrer un petit aperçu de ce qui a été présenté.
Aubrey De Grey (à gauche) et Michael Greve (à droite)
Du nouveau sur la maladie d’Alzheimer ?
La maladie d’Alzheimer est une maladie neurodégénérative liée à l’âge, entraînant des troubles de la mémoire, de la pensée et du comportement. Bien qu’elle soit depuis longtemps étudiée, les causes de cette maladie ne sont pas encore complètement comprises et il n’existe pas de traitement capable de la guérir.
Le Dr Doug Ethell, fondateur et directeur de Leucadia Therapeutics [1], a fait le lien entre le lieu du développement de la maladie d’Alzheimer dans le cerveau et la présence, au même endroit, d’une plaque osseuse poreuse qui permet de drainer le liquide cérébro-spinal (liquide qui nettoie l’espace intercellulaire du cerveau). Avec l’âge, cette plaque osseuse se bouche, ne permettant plus aux métabolites toxiques transportés par le liquide cérébro-spinal de passer. L’accumulation de ces déchets entraînerait la formation de plaques, à l’origine du développement de la maladie. Leucadia Therapeutics a développé un dispositif thérapeutique nommé Arethusta®, qui permet de rétablir le flux du liquide cérébro-spinal et l’élimination des métabolites toxiques. Le Dr Ethell espère que les essais cliniques pourront commencer en 2019.
Une thérapie contre l’amylose de la transthyréthine ?
Cette condition au nom compliqué est une maladie rare, présente sous deux formes (cardiomyopathie et polyneuropathie) et qui se déclare avec l’âge. Elle est causée par l’accumulation de la protéine transthyrétine (TTR) mal repliée sous forme de plaques amyloïdes. Il n’existe aujourd’hui aucun traitement approuvé par la FDA (Food and Drug Administration) pour soigner cette maladie. Le Dr Isabella Graef, co-fondatrice d’Eidos Therapeutics [2], a expliqué comment son laboratoire a découvert un candidat médicament pouvant agir sur les deux formes de la maladie. Il s’agit d’AG10, une petite molécule qui peut se lier et stabiliser la TTR, empêchant la formation des plaques amyloïdes, et qui pourrait ainsi arrêter la progression de la maladie. Cette molécule est depuis 2017 en phase 1 des essais cliniques (essais sur des sujets sains).
Qu’en est-il de la régénération d’organes ?
La médecine régénérative a pour but de créer de nouveaux tissus ou organes pour remplacer ceux défectueux. Cette médecine est en plein essor et les procédés technologiques qui permettent son développement ne cessent de progresser.
Le Wake Forest Institute for Regenerative Medicine [3], présidé par le Dr Anthony Atala, a été le premier centre à régénérer des organes (vessie et oreille, entre autre) et à les avoir implanté avec succès chez l’Homme. Leur objectif à l’heure actuelle est de concevoir plus de 30 tissus et organes différents. La médecine régénérative permettrait aussi de pallier au problème de greffon trop insuffisant. Le Dr Eric Lagasse de l’Université de Pittsburgh a présenté, lors du congrès, les travaux de son laboratoire LyGenesis [4], qui a développé une technologie pour générer le foie à partir de noeuds lymphatiques. Le but de la méthode est de transplanter des hépatocytes sains dans les noeuds lymphatiques qui génèrent des petits foies fonctionnels. Cette technologie a déjà montré son efficacité chez la souris et le cochon.
De meilleures thérapies contre le cancer ?
Le vieillissement entraîne un risque élevé de développement du cancer et des chances réduites de guérir. Il existe aujourd’hui 4 piliers de thérapie contre le cancer, dont le plus récent est l’immunothérapie, approuvé par la FDA en 2015. Le but est de stimuler le système immunitaire pour lutter contre les cellules cancéreuses. Le Dr Camilo Colaco de l’Université de Cambridge a fondé le laboratoire ImmunoBiology [5], qui développe une nouvelle génération de vaccin contre le cancer en ciblant les cellules dendritiques (des cellules du système immunitaire). Une étude menée en 1999 [6] avait déjà montré qu’un traitement par immunothérapie en synergie avec un vaccin pouvait empêcher le mélanome de grossir. Le Dr Colaco souhaite ainsi développer des vaccins contre le cancer pour encore mieux stimuler l’activité anti-tumorale des cellules immunitaires.
Les thérapies actuelles ciblent les cellules cancéreuses, mais d’après Louis Hawthorne, fondateur et directeur général de Nanotics [7], il serait préférable de cibler les molécules des voies de signalisation impliquées dans la progression de la maladie. Sa compagnie développe des nanoparticules (appelées NaNots) capable d’éliminer les facteurs responsable du développement ou de la progression de maladie comme le cancer. A l’heure actuelle, le premier NaNots est en essais pré-clinique et pourrait éliminer un inhibiteur du système immunitaire, pour soigner les tumeurs solides. Ces nanoparticules seraient biocompatibles, sans perte d’efficacité et sûrs. Leur développement serait également moins coûteux et plus rapide que pour un médicament.
Biomarqueurs et métrologie du vieillissement
Le Dr Steve Horvath, professeur à l’Université de Californie à Los Angeles, travaille depuis longtemps sur les biomarqueurs du vieillissement. Il est à l’origine de l’horloge épigénétique d’Horvath, qui permet de prédire l’âge biologique en fonction de la méthylation du génome. Prédire l’âge biologique en utilisant la méthylation est aujourd’hui le moyen le plus précis, dit le Dr Horvath. Il propose ainsi que la méthylation de l’ADN soit mesurée lors d’essais cliniques dans le cadre de la lutte contre le vieillissement. Enfin, son objectif d’ici 2021, est de développer une horloge épigénétique qui s’applique à tous les mammifères.
Long Long Life vous dresse dans cette article une liste non exhaustive des sujets abordés et des professionnels qui sont intervenus lors du congrès. Si cela vous intéresse, vous pouvez trouver la liste complète du programme sur le site internet de Undoing Aging 2018 [8]. L’évènement, qui s’est clos samedi soir, a rencontré un fort enthousiasme de la part des participants. Fort du succès de cette première édition, les organisateurs ont décidé de renouveler l’évènement pour une seconde édition l’année prochaine, en 2019.
Références :
[1]
[2] http://eidostx.com/#science
[3] http://www.wakehealth.edu/WFIRM/
[4]
[5] http://www.immbio.com/
[6] Andrea van Elsas, Arthur A. Hurwitz, and James P. Allison. Combination Immunotherapy of B16 Melanoma Using Anti–Cytotoxic T Lymphocyte–associated Antigen 4 (CTLA-4) and Granulocyte/Macrophage Colony-Stimulating Factor (GM-CSF)-producing Vaccines Induces Rejection of Subcutaneous and Metastatic Tumors Accompanied by Autoimmune Depigmentation, J. Exp. Med. Volume 190, Number 3, August 2, 1999 355–366.
[7]
[8] https://www.undoing-aging.org/
Anne Fischer
Author
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Anne is studying medicine science at the Institute of Pharmaceutical and Biological Science in Lyon and she has graduated with a Bachelor’s degree in molecular and cellular biology at the University of Strasbourg.
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Anne étudie les sciences du médicament à l’Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lyon. Elle est titulaire d’une licence en biologie moléculaire et cellulaire de l’Université de Strasbourg.
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