Fiche d'identité
La trichostatine A (TSA) est un antibiotique et antifongique isolé à partir de petites bactéries, les Streptomyces. C’est un inhibiteur spécifique de certaines classes d’enzymes, les histones déacétylases (HDAC), ayant un rôle majeur dans la préservation et le repliement de notre ADN. L’action de la trichostatine A sur les HDAC entraîne la condensation de la chromatine et réprime la transcription de gènes. Dans les cellules cancéreuses, l’inhibition des HDAC par la trichostatine A peut provoquer la mort de la cellule, l’arrêt de sa croissance ou induire sa différenciation. Aujourd’hui, la trichostatine est utilisée dans le cadre de la recherche et prouve son efficacité in vitro et in vivo, mais elle n’est pas encore utilisée en thérapie chez l’Homme.
Plusieurs flèches à son arc
Un agent anti-tumoral prometteur
Les inhibiteurs des HDAC sont de nouveaux agents anti-tumoraux très étudiés. Ils influencent les cellules cancéreuses en favorisant la mort cellulaire, l’apoptose, l’arrêt du cycle cellulaire et l’autophagie, principalement en rétablissant la transcription de gènes suppresseurs de tumeurs ou en activant des voies importantes de régulation cellulaire. Cette molécule a démontré son efficacité dans plusieurs études menées sur différents types de cancer (glioblastome, cancer du sein, cancer du pancréas, leucémie lymphoïde chronique, etc) pour lesquels la trichostatine A permettait de favoriser l’apoptose des cellules tumorales [1, 2, 3, 4]. Son utilisation, couplée à d’autres approches thérapeutiques de cancérologie, pourrait améliorer le pronostic de patients atteints de cancer.
Des effets bénéfiques sur les pathologies rénales
La trichostatine A a fait l’objet de nombreuses publications dans lesquelles est exposé son potentiel thérapeutique fort contre plusieurs maladies rénales. Un traitement avec la trichostatine A diminue la progression de la fibrose rénale chez la souris et réduit la formation de kystes dans la polykystose rénale [5]. Elle stimule aussi l’autophagie chez certains modèles expérimentaux d’insuffisance rénale aigüe [6]. Enfin, elle aurait des effets bénéfiques sur les néphropathies diabétiques ou associées au VIH.
Neuroprotection
L’hyperacétylation médiée par la trichostatine A est neuroprotectrice. Cette molécule pourrait éliminer les protéines bêta-amyloïdes du cerveau, entre autres, et peut donc être considérée comme un potentiel agent thérapeutique dans la maladie d’Alzheimer [7].
Une molécule qui agit sur la longévité
En empêchant le déacétylation des histones, la trichostatine A favorise et augmente l’expression des gènes des protéines HSP (Heat Shock Proteins) qui protègent les cellules de différents stress. Il a été montré que la trichostatine A allongeait la durée de vie de différentes lignées de drosophile par ce mécanisme [8]. Une autre étude parue dans Aging Cell en 2016 [9] a montré que la trichostatine A augmentait la durée de vie de C. elegans par un mécanisme mimant la restriction calorique. La trichostatine A a donc un effet positif sur la longévité, faisant d’elle un candidat médicament potentiel pour le développement de composés favorisant l’allongement de la durée de vie en bonne santé.
- Nombre de publications : plus de 4000
- Molécule disponible : non disponible en vente libre, uniquement pour la recherche scientifique
- Mode d’administration : par injection
- Posologie : non testé chez l’Homme, 0.5 à 10 mg/kg chez les souris, 50 à 2000 nM pour des cultures cellulaires
Aujourd’hui, la trichostatine A est une molécule reconnue comme étant active sur des modèles cellulaires et animaux contre plusieurs pathologies liées à l’âge, mais elle n’a encore jamais été administrée à l’Homme. Les études qui la concernent sont en phase pré-clinique, in vitro et in vivo.
Il n’existe pas de données de toxicologie et sur les doses thérapeutiques chez l’Homme.
[1] Ju Liu, Yan Li, Fengyun Dong, Liqun Li, Takahiro Masuda, Thaddeus D. Allen, Corrinne G. Lobe. Trichostatin A suppresses lung adenocarcinoma development in Grg1 overexpressing transgenic mice, Biochemical and Biophysical Research Communications 463 (2015) 1230-1236.
[2] David M. Vigushin, Simak Ali, Paul E. Pace, Nina Mirsaidi, Kazuhiro Ito, Ian Adcock, and R. Charles Coombes. Trichostatin A Is a Histone Deacetylase Inhibitor with Potent Antitumor Activity against Breast Cancer in Vivo. Clinical Cancer Research Vol. 7, 971–976, April 2001.
[3] Elisabeth Höring, Oliver Podlech, Björn Silkenstedt, Ioanna Alexandros Rota, Eleni Adamopoulou and Ulrike Naumann. The Histone Deacetylase Inhibitor Trichostatin A Promotes Apoptosis and Antitumor Immunity in Glioblastoma Cells, ANTICANCER RESEARCH 33: 1351-1360 (2013)
[4] Liang Gao, Xin Sun, Qi Zhang, Xiaochen Chen, Tongwei Zhao, Liqing Lu, Jianbin Zhang and Yupeng Hong. Histone deacetylase inhibitor trichostatin A and autophagy inhibitor chloroquine synergistically exert anti-tumor activity in H-ras transformed breast epithelial cells, Molecular Medicine Reports 17: 4345-4350, 2018.
[5] Na Liu and Shougang Zhuang. Treatment of chronic kidney diseases with histone deacetylase inhibitors, Frontiers in Physiology, April 2015, Volume 6, Article 121.
[6] Jing Liu, Man J. Livingston, Guie Dong, Chengyuan Tang, Yunchao Su, Guangyu Wu, Xiao-Ming Yin and Zheng Dong. Histone deacetylase inhibitors protect against cisplatin-induced acute kidney injury by activating autophagy in proximal tubular cells, Liu et al. Cell Death and Disease (2018) 9:322
[7] Wenzhong Yang, Abha Chauhan, Sangita Mehta, Pankaj Mehta, Feng Gu, Ved Chauhan. Trichostatin A increases the levels of plasma gelsolin and amyloid beta-protein in a transgenic mouse model of Alzheimer’s disease, Life Sciences 99 (2014) 31–36
[8] Yanmei Zhao, Hui Sun, Jun Lu, Xiaoxue Li, Xia Chen, Dan Tao, Weifeng Huang and Baiqu Huang. Lifespan extension and elevated hsp gene expression in Drosophila caused by histone deacetylase inhibitors, The Journal of Experimental Biology 208, 697-705 Published by The Company of Biologists 2005 doi:10.1242/jeb.01439
[9] Shaun Calvert, Robi Tacutu, Samim Sharifi, Rute Teixeira, Pratul Ghosh and Joao Pedro de Magalhaes. A network pharmacology approach reveals new candidate caloric restriction mimetics in C. elegans, Aging Cell (2016) 15, pp256–266
Anne Fischer
Author
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Anne is studying medicine science at the Institute of Pharmaceutical and Biological Science in Lyon and she has graduated with a Bachelor’s degree in molecular and cellular biology at the University of Strasbourg.
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Anne étudie les sciences du médicament à l’Institut des Sciences Pharmaceutiques et Biologiques de Lyon. Elle est titulaire d’une licence en biologie moléculaire et cellulaire de l’Université de Strasbourg.
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