Fiche d'identité
Vitamine D : l’huile de foie de morue contre-attaque
Reconnue pour ses bienfaits sur la santé, en particulier sur les os, la vitamine D est une molécule relativement difficile à synthétiser par notre corps et une grande partie de la population mondiale est carencée. En effet, le seul moyen pour notre corps d’en créer passe par la peau et l’exposition au soleil, une condition très souvent peu remplie, en particulier dans les grandes villes [1]. Sous l’effet des rayons ultraviolets du soleil, notre corps produit le cholécalciférol (vitamine D3) à partir d’un dérivé du cholestérol, qui après un passage dans le foie puis dans le rein prend sa forme active (calcitriol) [1, 10].
Une supplémentation parait donc essentielle pour faire face au besoin de notre organisme en vitamine D et prévenir la survenue de certaines maladies, comme l’ostéoporose, le cancer, les caries ou encore les problèmes thyroïdiens. Il est temps de revenir aux remèdes de grand-mères et de reprendre un peu d’huile de foie de morue (le complément naturel le plus riche en vitamine D, à hauteur de 100UI/g) !
2, 3, 4… les différentes formes de vitamine D
On distingue six formes de vitamine D. La vitamine D1 est la première à être découverte mais il s’avèrera, avec les avancées des techniques d’analyse chimique, qu’elle est en fait un mélange de vitamine D2 et d’autres composés. Cette dénomination n’est plus utilisée. La vitamine D2 est retrouvée chez les plantes, la vitamine D3 chez l’animal (c’est aussi celle que nous synthétisons) et la vitamine D4, dans les champignons. Les vitamines D5, D6, D7 sont des produits de synthèse, dérivés des premières formes. Elles ont des rôles similaires bien que variés et parfois spécifiques.
Vitamine D et calcium : un partenariat gagnant
Il est difficile de dissocier la vitamine D du calcium car leur action est synergique. En effet, la première indication d’une supplémentation de ces deux produits est la prévention et le traitement de l’ostéoporose [2, 3]. La vitamine D participe à l’absorption intestinale du calcium ainsi qu’à sa fixation sur l’os, promulguant ainsi la calcification de notre squelette. Une étude récente prévient cependant que l’action de la vitamine D et du calcium ne serait pas suffisante à traiter l’ostéoporose, voire serait à l’origine d’une fragilisation de nos os et augmenterait le risque de fractures [4]. Il est important de noter que cette étude ne remet pas en cause les autres bénéfices de la vitamine D, ni son effet préventif sur la survenue de l’ostéoporose.
De la vitamine D pour vieillir en bonne santé
Il a été démontré que, lors du vieillissement, on observait une dérégulation du métabolisme de la vitamine D [5, 6]. Les hydroxylases CYP27B1 et CYP24A1 rénales (des enzymes spécifiques), qui permettent la conversion de la vitamine D en son métabolite actif, sont extrêmement régulées, notamment de manière hormonale et/ou en réponse à l’état de la calcémie (teneur en calcium de notre corps). Avec l’âge, ces processus de régulation se dégradent, menant à des carences aggravées et des prédispositions à certaines maladies, telles que le cancer, les maladies cardio-vasculaires et les maladies osseuses [7]. La supplémentation en vitamine D peut corriger ces phénomènes et nous protéger contre les maladies liées au vieillissement.
La vitamine D peut également réguler l’expression génique. Lorsqu’elle arrive dans une cellule, elle peut se fixer sur son récepteur spécifique nucléaire (VDR = Vitamin D receptor) qui a son tour, au sein d’un complexe de co-activateurs, va se fixer sur des séquences d’ADN appelés promoteurs [7, 8]. Cette régulation des promoteurs (par méthylation majoritairement) va permettre d’exprimer ou non certains gènes. Une étude récente a notamment démontré un lien, modeste certes mais existant, entre le taux circulant de vitamine D et la longueur des télomères (les garants de l’intégrité de notre information génétique au cours des divisions cellulaires), suggérant une régulation encore à élucider [9].
- Nombre de publications : plus de 4000
- Molécule disponible : en vente libre
- Mode d’administration : par voie orale
- Posologie : dépendante de l’âge. Pour les moins de 50 ans, environ 1000UI/jour. Pour les plus de 50 ans, environ 1500UI/jour. Peut être donné à la femme enceinte et l’enfant à des doses adaptées, environ 700 UI/jour et 400 UI/jour respectivement.
Prévention du cancer : il a été démontré que la supplémentation en vitamine D, qui régule des processus cellulaires impliqués dans le développement de cancer (différenciation et multiplication), permettait de diminuer la taille des tumeurs et de limiter l’expansion des métastases [7, 11].
Maladies cardiovasculaires : il semblerait que la prise de vitamine protège partiellement contre l’hypertension, par un mécanisme encore flou [7, 12].
Effets sur le système immunitaire : la supplémentation en vitamine apparait comme un anti-inflammatoire assez puissant, avec une baisse de la production de cytokines pro-inflammatoires. Elle peut également protéger contre des maladies auto-immunes, comme la sclérose en plaque [7, 13, 14].
Diabète : quelques études ont démontré qu’une déficience en vitamine D favorisait le diabète, suggérant son implication dans les maladies métaboliques [15, 16].
D’autres effets connus depuis longtemps : traitement du psoriasis, du rachitisme (supplémentation in utero et petite enfance), de l’hypoparathyroïdisme, des caries, des douleurs et faiblesses musculaires.
En-dessous de 4000 UI/jour, aucune toxicité n’a été prouvée à ce jour.
La vitamine est à prendre avec précaution chez les patients atteints de sarcoïdose, de problèmes de rein ou de désordres du métabolisme calcique. La prise de vitamine D peut en effet provoquer une hypercalcémie délétère chez ces patients.
[1] Holick, M. F. Vitamin D deficiency. N Engl j Med, 2007(357):266–281
[2] Bischoff-Ferrari HA, Willett WC, Wong JB et Als. Prevention of nonvertebral fractures with oral vitamin D and dose dependency, a meta-analysis of randomized controlled trials, Arch Intern Med, 2009;169:551-561
[3] Nakamura Y, Suzuki T, Kamimura M, et al. Vitamin D and calcium are required at the time of denosumab administration during osteoporosis treatment. Bone Research. 2017;5:17021
[4] Zhao J, Zeng X, Wang J, Liu L. Association Between Calcium or Vitamin D Supplementation and Fracture Incidence in Community-Dwelling Older Adults : A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA. 2017;318(24):2466–2482
[5] Armbrecht HJ, Zenser TV, Davis BB, Effect of age on the conversion of 25-hydroxyvitamin D3 to 1,25-dihydroxyvitamin D3 by kidney of rat. J Clin Invest. 1980 Nov; 66(5):1118-23
[6] Tsai KS, Heath H 3rd, Kumar R, Riggs BL, Impaired vitamin D metabolism with aging in women. Possible role in pathogenesis of senile osteoporosis. J Clin Invest. 1984 Jun; 73(6):1668-72
[7] Christakos S, Dhawan P, Verstuyf A, Verlinden L, Carmeliet G. Vitamin D: Metabolism, Molecular Mechanism of Action, and Pleiotropic Effects. Physiological Reviews. 2016;96(1):365-408.
[8] Pike JW, Meyer MB, Fundamentals of vitamin D hormone-regulated gene expression. J Steroid Biochem Mol Biol. 2014 Oct; 144 Pt A():5-11.
[9] Julia Beilfuss, Carlos A Camargo Jr., Elena Kamycheva. Serum 25-Hydroxyvitamin D Has a Modest Positive Association with Leukocyte Telomere Length in Middle-Aged US Adults, J. Nutr., 2017, 147(4): 514-520
[10] Holick, M. F. (2003), Vitamin D: A millenium perspective. J. Cell. Biochem., 88: 296–307
[11] Ahonen MH, Tenkanen L, Teppo L, Hakama M, Tuohimaa P. Prostate cancer risk and prediagnostic serum 25-hydroxyvitamin D levels (Finland). Cancer Causes Control, 2000, 11: 847–852
[12] Krause R, et al. Ultraviolet B and blood pressure. Lancet, 1998, 352: 709–710
[13] Tabatabaeizadeh, S. A., Avan, A., Bahrami, et al. High-dose supplementation of vitamin D affects measures of systemic inflammation: Reductions in High-Sensitivity C-Reactive Protein level and Neutrophil to lymphocyte ratio (NLR) distribution. Journal of Cellular Biochemistry, 2017 https://doi.org/10.1002/jcb.26084
[14] Cantorna MT, Hayes CE, DeLuca HF. 1,25-Dihydroxyvitamin D3 reversibly blocks the progression of relapsing encephalomyelitis, a model of multiple sclerosis. Proc Natl Acad Sci, 1996, 93: 7861–7864
[15] Hypponen E, Laara E, Reunanen A, Jarvelin MR, Virtanen SM. Intake of vitamin D and risk of type 1 diabetes: A birth-cohort study. Lancet, 2001, 358:1500–1503
Dr. Marion Tible
Author/Reviewer
Auteure/Relectrice
Marion Tible has a PhD in cellular biology and physiopathology. Formerly a researcher in thematics varying from cardiology to neurodegenerative diseases, she is now part of Long Long Life team and is involved in scientific writing and anti-aging research.
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Marion Tible est docteur en biologie cellulaire et physiopathologie. Ancienne chercheuse dans des thématiques oscillant de la cardiologie aux maladies neurodégénératives, elle est aujourd’hui impliquée au sein de Long Long Life pour la rédaction scientifique et la recherche contre le vieillissement.
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