[Vidéo] Les 9 causes du vieillissement, épisode 9, Inflammation [FINAL] – avec le Dr Guilhem Velvé Casquillas
Pour finir, nous allons aborder ici une neuvième cause identifiée du vieillissement : les problèmes de signalisation intercellulaire et l’inflammation.
Inflammation : définition
Quand on parle d’inflammation, il faut prendre en compte la fonction de toutes les cellules de notre corps et des signaux qu’elles échangent. Chaque cellule est capable, en fonction du stress auquel elle est soumise, qu’il soit interne ou externe, de synthétiser des petites molécules qu’on appelle cytokines et qui régulent la réponse inflammatoire. Parmi les plus connues, vous êtes peut-être familiers avec les interleukines ou TNFalpha : ces cytokines sont capables d’aller se fixer sur des récepteurs présents à la surface de nos cellules et d’enclencher une réponse spécifique. C’est le cas lors de l’activation de la voie NF-κapaB, un facteur de transcription qui va aller se fixer sur notre ADN et déclencher l’expression de plusieurs gènes liés à l’inflammation.
La stimulation des cytokines entraîne donc un cercle vicieux d’activation permanente de l’inflammation, remarquons que le vieillissement aime bien les cercles vicieux… le coquin. Fort heureusement, il existe aussi des molécules anti-inflammatoires qui permettent de réguler ce phénomène. Avec l’âge cependant, en plus d’une inflammation plus importante, ces régulations sont de moins en moins efficaces et c’est comme ça qu’on assiste à l’arrivée de « l’inflammaging », un état pro-inflammatoire observé chez les mammifères lors du vieillissement.
Vieillissement + inflammation = inflammaging
De multiples causes sont étudiées pour expliquer l’inflammaging, à savoir : l’accumulation de lésions dans les tissus, qui génère des effets pro-inflammatoires au fil du temps, ou encore la sécrétion de cytokines pro-inflammatoires par des cellules sénescentes, ou encore un système immunitaire défaillant qui ne parvient pas à se battre contre les pathogènes de manière efficace, ou encore, une accumulation des protéines endommagées qui entraînerait une réaction inflammatoire, ou encore un changement des niveaux d’hormones qui régulent la production de cytokines… bref pour le moment, les causes potentielles sont multiples et malheureusement ne sont pas toutes bien comprises.
En tout cas, il a été prouvé que l’inhibition de NF-κapaB, dont nous avons parlé tout à l’heure, entraînait un rajeunissement des tissus et prévenait des caractéristiques du vieillissement avancé chez différentes souris modèles.
Inflammation et sirtuines
Les sirtuines, des enzymes spécialisées dont le rôle est connu dans le vieillissement (nous en avons parlé précédemment), pourraient également avoir une influence sur l’inflammaging. Par exemple, l’augmentation de l’activité de la SIRTIUNE-1, 2 ou 6 permettrait de diminuer la progression de nombreuses maladies inflammatoires, car ces enzymes inhibent l’activité de NF-κapaB sur ses gènes cibles.
Une fois de plus, l’inflammation liée au vieillissement peut être interprétée comme un mécanisme de défense qui finit par devenir nocif avec le temps. De faibles niveaux de réponse inflammatoire seraient favorables à la réparation et à la régénération des tissus par l’activation du système immunitaire ; cependant, des niveaux plus élevés pourraient aggraver les lésions.
Réduire l’inflammation avec des transfusions
En 2014, des scientifiques ont démontré que le sang jeune pouvait rajeunir de vieux tissus dont le cerveau chez les souris, d’où le business de transfusion intergénérationnel naissant aux USA. Cela peut présenter un intérêt, mais rien ne prouve que quelques transfusions permettront de vivre plus longtemps, notamment parce que ces expériences sur les souris ont été réalisées en reliant le système sanguin d’une souris jeune à celui d’une souris plus âgée. Il est donc possible que ce soit aussi à cause du filtrage du sang dans les organes de la jeune souris qu’on ait pu observer un rajeunissement des souris plus âgées. Pour le moment, des études sur humains volontaires payants sont en cours en Californie par Ambrosia. Personnellement je doute qu’une série de transfusions puisse rajeunir quelqu’un de manière notable, pour vérifier cette hypothèse, je pense qu’une étape préliminaire serait de faire des transfusions quotidiennes entre deux cohortes de souris jeunes et âgées sans relier directement cette fois leur système sanguin.
Ce qui est intéressant pour nous ici, c’est qu’il est maintenant prouvé qu’il existe dans la communication intercellulaire de la souris, via le sang ici, des facteurs susceptibles de contrôler notre durée de vie et notre santé. L’étude approfondi de ces facteurs nous permettrait de les identifier et peut être un jour de contrôler leur concentration dans le sang des patients par des méthodes médicamenteuses classiques qui ne passeraient idéalement pas par des perfusions quotidiennes.
Conclusion : causes primaires, antagonistes, et causes secondaires
Pour conclure, en schématisant, nous pourrions, dans l’état actuel de nos connaissances, classer les neuf causes de vieillissement dont nous avons parlé en 3 grandes sous-parties :
D’abord, les causes primaires du vieillissement, qui seraient les mutations génétiques, le raccourcissement des télomères, les altérations épigénétiques et le mauvais repliement des protéines.
Ensuite, on trouve les antagonistes du vieillissement, ces mécanismes initialement censés nous protéger, mais qui deviennent finalement délétères : c’est-à-dire la dérégulation du système de détection des nutriments, les dysfonctionnements des mitochondries et la sénescence cellulaire.
Et enfin, les causes secondaires du vieillissement qui découleraient des deux premières et en amplifieraient l’effet. On parle ici de l’épuisement des cellules souches et de la défaillance de la communication intercellulaire.
Les recherches dans le domaine du vieillissement avancent vite ces dernières années, et il est probable que certaines choses que nous pensons comprendre aujourd’hui se révéleront fausses dans une décennie.
La recherche contre le vieillissement reste un domaine scientifique très complexe, car la plupart des phénomènes dont nous avons parlé restent intimement liés les uns avec les autres, ce qui ne facilite pas le détricotage nécessaire à la compréhension fine de ce qui se passe réellement dans notre corps.
Dr Guilhem Velvé Casquillas
Author/Reviewer
Auteur/Relecteur
Physics PhD, CEO NBIC Valley, CEO Long Long Life, CEO Elvesys Microfluidic Innovation Center
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Docteur en physique, CEO NBIC Valley, CEO Long Long Life, CEO Elvesys Microfluidic Innovation Center
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